Εν κατανύξη ετελέσθη σήμερα το πρωί η Εξόδιος Ακολουθία του Προηγουμένου και Κτήτορος της Ιεράς Μονής Κοιμήσεως της Θεοτόκου La Faurie στις Γαλλικές Άλπεις.
Της Εξοδίου Ακολουθίας προεξήρχε ο Σεβασμιώτατος Μητροπολίτης Γαλλίας κ. Εμμανουήλ τη συμμετοχή του Θεοφιλεστάτου Επισκόπου Μελιτηνής κ. Μαξίμου, των ιερομονάχων της Ι. Μονής, Ηγουμένων άλλων Μονών, κληρικών της Ιεράς Μητροπόλεως Γαλλίας και του Πατριαρχείου Μόσχας.
Ο μακαριστός Γέροντας ίδρυσε την εν λόγω Μονή τη δεκαετία του ’80 και αποτέλεσε ένα λαμπρό παράδειγμα διαδόσεως της Ορθοδοξίας και του αγιορειτικού μοναχισμού στη Γαλλία, την οποία συνεχίζει η σημερινή αδελφότητα.
Μεταξύ άλλων στην ομιλία του ο Σεβασμιώτατος τόνισε τα εξής: “Το μυστήριο του διαχωρισμού της ψυχής από το σώμα, αποκτά μια ιδιαίτερη διάσταση αυτές τις μέρες που γιορτάζουμε την Κοίμηση της Θεοτόκου. Αναδύεται από μέσα μας το συναίσθημα της χαρμολύπης βλέποντας να επιστρέφει στον Θεό εκείνος που ήταν για πολλούς πνευματικός πατέρας, συνασκητής και φίλος. Η Ορθοδοξία στη Γαλλία του οφείλει πολλά. Η δημιουργία μιας μοναστικής κοινότητας σε αυτήν την περιοχή όπου η άγρια αλπική φύση μας ωθεί σε έναν εσωτερικό στοχασμό του θείου έργου, είναι παράλληλα ένα έργο με πολλές δυσκολίες, κόπους και ιδρώτα”.
Διαβάστε την ομιλία του Σεβασμιωτάτου Μητροπολίτη Γαλλίας κ Εμμανουήλ στη γαλλική γλώσσα:
In Memoriam
Rev. Archimandrite Victor Raïsi
Son Éminence, le Métropolite Emmanuel de France
Monastère de la Dormition de la Mère de Dieu, La Faurie
Mercredi 19 août 2020
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Au cœur de ces montagnes alpines, alors que l’écho de la fête patronale du monastère se fait encore entendre, le Révérend Archimandrite Victor remet son âme entre les mains du Seigneur qu’il n’a cessé de servir toutes ces années. Le mystère de la séparation du corps et de l’âme prend une dimension spéciale en ces jours où nous célébrons la fête de la Dormition de la Mère de Dieu. Il s’en dégage comme une joyeuse tristesse de voir retourner à Dieu celui qui fut pour beaucoup un père spirituel, un compagnon d’ascèse, voire un ami.
L’orthodoxie en France lui doit énormément. L’établissement d’une communauté monastique dans cette région où la nature se fait à la fois contemplation et révélation de l’œuvre divine n’est sans doute pas chose aisée. La survie de cette même communauté par-delà l’existence de son fondateur relève du miracle, au sens de l’action et de la présence de Dieu dans le monde. Le Père Victor a fait de son monastère un signe d’espoir.
Il est intéressant de remarquer combien le cheminement du Père Victor vers l’orthodoxie et dans l’orthodoxie a été déterminé par une soif absolue de sagesse. Vous le savez certainement mieux que moi, le Père Victor a pénétré dans l’enceinte des mystères divins par la porte de la philosophie. Son amour de la sagesse ne l’a jamais abandonné. Sa paternité spirituelle allait faire de lui un « accoucheur d’âme ». Sa « maïeutique » il l’a puisée dans les sources scripturaires, dans l’enseignement des Pères de l’Église, dans une vie à la fois incarnée et traversée par la grâce vivifiante du Saint-Esprit. Le professeur de philosophie, au travers d’une transformation personnelle liée à sa vocation monastique, allait devenir un passeur de sagesse divine.
On retrouve aussi chez le Père Victor la marque d’une autre grande figure de l’orthodoxie dans le sud de la France, le Père Cyrille Argenti qui célébra la première liturgie eucharistique en 1971, dans ce qui n’était encore qu’une ferme en ruine. Une autre filiation spirituelle s’établit avec le Père Benoît, higoumène du monastère orthodoxe de la Dalmerie, auprès duquel il se forma spirituellement, avant de recevoir l’habit monastique en été 1978, en devenant celui que nous connaissons désormais comme le Père Victor.
Il ne m’appartient pas ici de revenir sur toute la vie du Père Victor. J’aimerais cependant répéter un fait qui me semble essentiel. Le monastère de la Dormition lui survivra. La communauté qu’il a fondée est appelée à s’inscrire dans le temps. Modeste en taille, il n’en demeure pas moins que sa pérennisation est un véritable signe de réussite. Car il s’agit avant tout de transmettre l’authenticité de la foi chrétienne dans son acception la plus radicale, la plus complète, pour ne pas dire parfaite. Dans l’ascèse et la prière continuelles, l’humanité retrouve le sens de l’image de Dieu dont chaque personne a été gratifiée et la vocation à la « ressemblance », l’acquisition de l’Esprit-Saint par lequel adviennent la contemplation et la déification. Chacun des frères porte en lui son héritage.
En unissant nos voix, nous prions tous avec ferveur que le Seigneur reçoive dans le chœur des saints son serviteur fidèle, l’archimandrite Victor et que sa mémoire soit éternelle. À ces hymnes succédera le silence apporté par le temps. Mais soutenue par la brise alpine continue à résonner l’appel que le Seigneur adresse aujourd’hui au Père Victor : « C’est bien, bon et fidèle serviteur. Tu as été digne de confiance. Viens te réjouir avec moi. » (Mt 25, 23)